15.08.1963
La foule, excédée par l’attentisme du président, se presse le lendemain dès 8h30 devant le palais pour demander à Youlou de démissionner. A 9h, il accepte de recevoir Pascal Ockyemba-Morlende seul mais celui-ci refuse. Il adopte une attitude plus ferme que Gibert Pongault et fait savoir au président que les syndicalistes refusent désormais tout contact avec lui. A 10h50, l’armée française prévient le colonel Jean, chef d’état major des forces armées congolaises, que la foule réclame la présence au palais des capitaines Moutsaka et Mouzabakani. A la même heure, le général De Gaulle ordonne, dans un télégramme, d’éviter toute hécatombe et d’assurer la sécurité du président. C’est dans ce contexte qu’à 13h, Youlou remet sa démission aux militaires congolais, évitant ainsi l’humiliation d’être déposé. Il est transféré au camp Fulbert Youlou, où il reste sous la garde de l’armée congolaise et d’un contingent de l’armée de la communauté.
Après la démission de Youlou, des conversations s’engagent entre les différentes tendances politiques en vue de constituer un nouveau gouvernement. A 16h50, les premières informations donnent Alphonse Massamba-Débat comme chef du gouvernement provisoire (ancien président de l’assemblée nationale sous Youlou, il avait démissionné pour des différents avec le président). A 23h30, le gouvernement provisoire est constitué et désigné pour 3 mois. Il y a, entre autres, Pascal Lissouba à l’agriculture, Bernard Galiba à la santé et Paul Kaya aux finances (à l’exception de Germain Bicoumat, tous les ministres sont des techniciens en général jeunes). Gilbert Pongault et Pascal Ockyemba-Morlende refusent de prendre un poste de ministre et Lazare Matsocota (neveu de Youlou) refuse de prendre le ministère de la justice (car il voulait être nommé premier ministre à la place de Massamba-Débat). Le gouvernement affirme son appartenance à l’OUA et l’UAM.
Mais les Trois glorieuses ne sont que le début de la révolution congolaise dont la première phase est notamment marquée par l’ instauration d’un régime de « socialisme scientifique » avec parti unique (le MNR, Mouvement national de la révolution et sa branche jeunesse, la JMNR) et la prise du pouvoir par la jeunesse organisée en milices armées et instruites par les cubains, etc. Cette première phase se termine avec, en 1968, la prise du pouvoir par le capitaine marxiste Marien N’Gouabi et l’instauration d’un nouveau parti unique, le Parti congolais du travail (PCT).
https://maitron.fr/spip.php?article170818, notice Trois Glorieuses (Les) par Héloïse Kiriakou, version mise en ligne le 20 février 2015, dernière modification le 20 février 2015.